Les services mobiles prépayés, dans les pays où ils sont offerts de façon quasi-exclusive (les services postpayés restant très marginaux), font l’objet d’offres relativement complexes, se situant sur plusieurs niveaux : un service d’accès (carte SIM), un service de recharge d’un compte dit principal, et une offre de forfaits accessibles par commande USSD.
Ces offres sont relativement complexes, avec la différenciation de paliers ou coupures selon le niveau tarifaire, des durées de validité très variables et des quantités offertes assorties au niveau de la coupure et de la durée de validité.
Ces offres révèlent des discriminations tarifaires élevées : le prix de la minute ou du Mo dans une même offre varie de façon importante selon le prix de la coupure, avec la particularité d’une forte décroissance du prix selon le volume acheté.
Or, les consommateurs peu solvables sont des acheteurs très récurrents de petites coupures, notamment du fait de l’instabilité de leurs revenus dans des économies très informelles, alors que les grosses coupures sont acquises par de gros consommateurs, bien plus solvables. Cette configuration de marché conduit les consommateurs de petites coupures à subventionner en quelque sorte les consommateurs de grosses coupures, alors qu’on s’attendrait plutôt à l’inverse.
Cette situation mérite-t-elle d’être régulée ? Une note sur ce sujet est disponible ici et tente d’éclairer cette question à la lumière des différents instruments de régulation disponible, la régulation sectorielle et la régulation de la protection du consommateur :
La régulation des tarifs des services mobiles prépayés
Nous cherchons d’abord à caractériser ces offres et à formaliser leur architecture de façon synthétique. Nous n’analyserons pas ces offres sous l’angle de leur qualité qui est un problème en soi, mais sous l’angle de leurs tarifs, en insistant sur une de leur particularité, à savoir la présence de discrimination tarifaire selon le volume acquis. Il ressort que ces tarifs suivent très fréquemment une loi puissance de décroissance, non pas tout à fait au volume, mais au volume moyen par jour de validité. A partir de là, on peut facilement mettre à jour le comportement de ces offres et simuler différentes options possibles de régulation.
La régulation des marchés de détail n’est pas aisée. Face à une liberté marketing largement revendiquée par les opérateurs, le régulateur doit veiller à en éviter les excès, sans pour autant la museler, autant les excès qui peuvent s’apparenter à des pratiques anticoncurrentielles que ceux qui peuvent altérer l’équité des consommateurs sur ces marchés.
Par nature, le marketing cherche à développer des offres discriminantes qui s’adaptent aux attentes
des consommateurs. Certaines discriminations apportent un bénéfice au consommateur ou un gain
d’efficience au secteur. D’autres sont avant tout destinées à renforcer des pratiques d’éviction ou des
pratiques d’exploitation abusive, de façon à nuire à la position concurrentielle des concurrents ou à
mettre à profit une puissance de marché pour nuire aux consommateurs.
La frontière est ténue entre les offres légitimes et les offres illégitimes. Dans de telles situations, le
dialogue avec les opérateurs pour établir les limites à respecter et pour infléchir les conduites jugées
abusives est nécessaire. La régulation des tarifs de détail reste une entreprise très délicate et renvoie plus à des questions de norme sociale et éthique en matière de discrimination qu’à des questions strictes de régulation concurrentielle.